La magie de Noêl

Le 06/11/2022

 

Sous la neige... la magie de Noël

 

Dans la chaleur de l’appartement familial, Claire et Maxime terminaient leur petit déjeuner. Le jeune homme en s’essuyant la moustache écarta le voilage de la fenêtre, laissant entrer la lumière blafarde d’une rue sinistrement vide et silencieuse.

—Cette année, nous ne pourrons pas nous plaindre, nous avons un véritable hiver.

—Oui, il y a longtemps que nous n’avions pas connu Paris sous la neige et les parisiens qui en ont perdu l’habitude, sont restés sous la couette !

Alors que Claire s’attardait dans la salle de bain, Maxime feuilletait « l’Equipe » dont trois pages étaient consacrées au rugby.

Quelques instants plus tard, la jeune fille pomponnée et souriante réapparut dans le salon.

—Max, veux-tu me faire plaisir ?

— Oui, mais pas à n’importe quel prix, que vas-tu encore m’inventer ?

—J’ai envie de sortir.

Paris sous la neige—Par ce temps, tu n'es pas un peu dingue, ça caille !

—J’aimerais découvrir les décorations de Noël, dans les grands magasins, tu te souviens, lorsque nous étions petits, les parents nous y emmenaient tous les ans ?

—Aujourd’hui, les parents bossent toute la journée, ne compte pas trop sur eux !

—C’est vrai, mais je me disais…

—C’est fou, cette habitude que tu as prise.

—Quoi encore, qu’elle habitude ?

—Une fois sur deux, tu ne finis pas tes phrases !

Claire repoussa le rideau et sourit à Maxime.

—Je pensais que tu pourrais…

Interrogatif, Maxime se leva pour déposer sa tasse dans le lave-vaisselle et lorsqu’il fût de retour, il déclara à Claire en essuyant la nappe.

—Tu as des bottes pour sortir ? Tu n’as pas l’habitude de la neige et tu pourrais bien te casser une patte.

—C’est bien pour ça que j’aimerais que tu…

—Là, pas la peine de terminer, j’ai compris. Tu veux que je t’accompagne.

Comme une enfant, elle applaudit en sautillant et embrassa son frère.

—Wouah, merci Max. Pour te remercier, je t’offrirai un verre à la sortie.

—Toi tu ne changeras jamais ! Je ne t’ai pas encore répondu positivement.

—Allez Max, tu viens...

Une demi-heure plus tard, ils s’entassaient dans un métro où la moiteur des corps se mélangeait pour former une intimité délicate, de crasse, d’odeur sui généris et d’eau de Cologne incertaine.

Heureusement, beaucoup de voyageurs descendirent à la station Chatelet et, malgré ces départs, la mauvaise odeur persista. C‘est alors que Claire comprit, elle pinça son frère en lui désignant le fond du wagon où un vieux clochard dormait, étalé sur une banquette, tâchée de vin rouge.

 —Ah le cochon ! Il nous aura bien parfumés. On descend bientôt, j’ai vraiment hâte d'être ailleurs !

Claire en tenant fermement à la barre du wagon, adressa un sourire mystérieux à son frère.

—Tu connais un chanteur des années 80 qui s’appelait… attends, c'est fou, j’ai oublié son nom ! Oui c’est ça, je l’ai enfin retrouvé.

—Me voilà enfin rassuré.

Triomphale, elle lui lança.

 —Bécaud, ce chanteur s’appelait Bécaud, il chantait au moment des fêtes une « bluette » qui n’a pas laissé un grand souvenir…

—Qu’as-tu encore inventé, c’est quoi d’abord une « bluette » ?

—Une chansonnette un peu bête, mais légère et optimiste.

—Et tu l’as repéré comment, ce chanteur ?

—Oh Max, réveille-toi ! Internet, tu connais ?

Les deux jeunes sortirent du métro et pénétrèrent rapidement dans les Galeries Lafayette, "mode féminine". Très vite, leurs regards furent attirés par l’immense coupole Art Nouveau ignorée de beaucoup de parisiens.

—Franchement, ça vaut la peine de lever les yeux, c’est une splendeur, une merveille architecturale.

—C’est vrai qu’elle est magnifique cette verrière. Où allons-nous, maintenant ?

—On va faire d’abord un tour dans les allées, cette année les décorations de Noël sont somptueuses !

Au bout d’une demi-heure, ils arrivèrent devant l’espace librairie où s’étalaient des centaines de romans et surtout des montagnes de livres de cuisine.

—Les français sont toujours avides de gastronomie.

—Max arrète !  C'est toi qui es un tube digestif ambulant !

Claire, dépassée par cette profusion littéraire, se mit à fureter, jetant un œil rapide sur les couvertures et leur quatrième de « couve » dont le miel était la « bobine » souriante de celle ou de celui qui avait eu l’audace de coucher 300 pages sur son clavier ! Elle mit un coup dans les côtes de Maxime pour le réveiller.

—Un roman soigneusement choisi, c’est un cadeau intelligent pour les fêtes ! Un présent réservé à celle ou celui qu’on estime

Maxime pouffa de rire.

—Oui certainement, surtout si ce n’est pas un pavé casse-pieds devant lequel on ne peut pas faire autre chose que de s’endormir à la quatrième page !

Elle le toisa, l’œil noir et lui répondit.

—Acheter un livre pour quelqu'un, un roman qui sera son cadeau pour Noël et pour les fêtes en général, c’est bien si le roman est intelligent. Regarde celui-là, sa couverture est un peu terne, mais il faut dire que c’est la nuit…

—Hum.

Il lut les quelques lignes de présentation.

—Le thème, c’est celui de l’abandon d’une enfant d’à peine un mois dans la nuit du 11 septembre 2001.

-- La nuit du terrible l’attentat de Manhattan ? 

—Il s’appelle comment, ton roman ?

—Le colis de minuit.

—Bon, prends-le ! Tu leur fait faire un paquet cadeau. Dépêche-toi, nous aurons juste le temps de nous acheter un sandwich et ensuite, d’aller au Printemps.