Nous irons à Compostelle.
Dans la rue qui serpente entre les vieilles maisons de Tolède, David suit le petit bateau de bois sec qu’il a confectionné pendant l’hiver.
Assise sur une pierre devant une maison de patricien il aperçoit une belle jeune fille qui pleure en se tenant le genou, il l’aide à se relever, elle le regarde en souriant… il est juif et elle est catholique. On est en 1492, en Espagne, l’inquisition fait rage.
Pour échapper au terrible bûcher des inquisiteurs, David s'enfuit au Maroc avec sa famille et s’installe à Anfa que l'on connaîtra plus tard sous lenom de Casablanca.
Assuré de la protection royale, il revient en Espagne deux ans plus tard, abjure sa religion sous la contrainte du traité de l’Alhambra et devient un "Marrane".
Plus tard, David est encore obligé de quitter Tolède après qu'il se soit battu en duel avec le petit fils du maire. On le retrouve alors à Burgos où il est devenu conducteur de chariots et où, malheureusement il est victime d’un terrible accident dont il finit par guérir. Le barbier-chirurgien lui recommande à sa sortie de l’hôpital, pour remercier dieu de sa guérison, de faire un pèlerinage sur le tombeau de Saint Jacques à la cathédrale de Compostelle.
Plus tard encore... Beaucoup plus tard ! En France, à mon cabinet médical, je terminais mon repas de midi avant de débuter ma consultation. Ma secrétaire avait prudemment installé dans mon bureau le premier de mes patients, c'était monsieut Danan, un vieux rabbin de ma connaissance. A mon entrée il me murmura le sourire aux lèvres.
--Bonjour docteur, avant que cette consultation ne commence et si vous me le permettez... Savez-vous que vous êtes juif ?
--Comment ça, moi, juif, ? Mais, pas du tout, monsieur Danan, je suis duement baptisé, j'ai fait ma communion solennelle et j'ai même été enfant de coeur à l'église de mon village, alors vous voyez !
Il rétorqua avec un sourire mystérieux...
--C'était il y a très longtemps, en Espagne, sous l'inquisition et la reine Isabelle la catholique...
Cachés sous un vaste panache de fumée blanche, les wagons de mon imagination quittaient une gare inconnue..Un pied sur le marche-pied et scrutant l'horizon, j'étais déjà loin, dans les prémices du roman que j'allais écrire...
"Nous irons à Compostelle".
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