Le squatt de la Mouzaia.

 

 

Recroquevillée sous une couverture déchirée, couverte de sueur, elle grelottait entre deux sanglots. Depuis deux semaines, cette putain de fièvre ne la quittait plus et depuis peu, ne pouvant plus quitter son grabat, elle en venait à confondre la nuit avec le jour. Pas d’appétit, et pour seule compagne, cette clope humide qui pendait à son bec, du matin jusqu’au soir !

Lorsqu’elle fermait les paupières, elle se confrontait à cette illusion stupide lui faisant croire qu’elle pourrait enfin dormir, alors que des images délirantes continuaient à l’assaillir en se collant à sa peau, pour devenir ses compagnes sur le chemin de la mort.

Dans ses rares moments de lucidité, elle se disait que pour elle, c’était fini ! Elle allait crever là, dans ce squat sordide de la rue de la Mouzaia comme une bête à la réforme. Ce serait donc ici le bout de son chemin, le sentier boueux de sa putain de vie. Dans le sombre tunnel de cette agonie, elle eut pourtant la force de grommeler avec l’ironie du désespoir.

 — Je vous dis tchao à vous ! Vous, tous les cons du théâtre de ma vie !

Une toux sèche aboya alors du fond de ses poumons, l’empêchant durablement de respirer.

—Putain de merde !

Elle s’assit un instant pour cracher dans un chiffon et enfin calmée, essoufflée et grelottante, elle s’effondra sur sa paillasse.

 

La mouzaia

 

                                                     

                                                                                                         

 

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